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VOTONS POUR NOS CONVICTIONS, MOBILISONS-NOUS : TOUT EST ENCORE POSSIBLE !

Cher-e-s Ami-e-s, Chers camarades,

Nous voyons, nous entendons depuis le début de cette élection présidentielle, d’ailleurs bien avant que celle officielle et que la pré-campagne ne débutent, des citoyens de gauche à vouloir voter utile, des camarades à appeler à voter utile. Voter utile car il faut faire barrage à l’extrême droite, Marine Le Pen et à la droite extrême, François Fillon.

Avec une notion de vote utile et toujours les mêmes mots : « Hamon est très bien mais Macron ou Mélenchon, c’est le vote utile ». Mais si des millions de Français de gauche pensent cela, et c’est le cas aujourd’hui, à travers les chaînes d’information en continue, dictature de l’urgence médiatique, de la pré-pensée et des sondages qui ne valent peu de choses dans une élection où le taux d’indécis est de 1/3 auprès des personnes qui sont prêtes à aller voter et de 50% sur l’ensemble du corps électoral en intégrant les abstentionnistes.  Mais si ces millions de Français sont influencés tous à penser cela, c’est que nous avons un sacré problème avec la notion de vote utile.

Si faire barrage à Marine Le Pen et à François Fillon est un réflexe républicain, le vote utile au 1er tour n’est en aucun cas une solution, il en devient la défaite de nos combats depuis des décennies.

En 2002, la nouvelle génération de 18 ans participait à sa première élection présidentielle. Elle s’est levée en masse dès le 21 avril pour un vote républicain au 2nd tour pour faire barrage à Jean-Marie Le Pen. Après ce 21 avril, le PS et la gauche ont brandi, bien souvent pour toutes les élections suivantes, le principe du vote utile car il aurait évité l’élimination de Lionel Jospin au 1ier tour. Malgré un bilan économique et social positif, Lionel Jospin a été éliminé car il avait aussi fait l’erreur politique de déclarer que son projet n’était pas socialiste, ce fut l’une des raisons de son élimination et d’une division des voix de gauche sur un nombre bien plus important de candidats qu’aujourd’hui.

En quoi ces 15 dernières années, le vote utile nous a-t-il prémuni d’un Front National à 18% en 2012, un FN à 30% aux élections locales ?

En rien, ce vote utile a été bien trop souvent le prétexte de faire taire toute différence ou toute refondation de la gauche autour d’un projet de progrès, moderne et résolument fidèle aux idéaux de gauche.

De 2002 à 2017, nous n’avons tiré jusqu’à aujourd’hui aucune leçon de la montée du péril de l’extrême droite et de la droite extrême. Cette victoire de la gauche ne sera possible qu’à une condition, que le projet politique que nous portions soit puissant, qu’il propulse un imaginaire collectif puissant qui soit capable de submerger la droite et l’extrême-droite, un imaginaire qui ne trahit ni l’histoire de la place de la France dans le monde ni son idéal européen.

Le vote Macron est-il un vote utile ?

Son projet : l’autonomie des écoles pour le recrutement des enseignants dangereux pour le Service public avec les pires difficultés de recruter pour les territoires fragiles, le régime de retraite unique avec un système de retraite à points reprenant la démagogie classique de la droite surfant sur le thème de la fonction publique privilégiée, la suppression de 120 000 fonctionnaires  en 5 ans alors qu’un pays développé aujourd’hui a besoin d’une économie attractive jouissant de services publics forts et performant pour l’éducation, la sécurité, les infrastructures, ou bien encore la suppression de l’ISF sur les patrimoines financiers …

Son parcours : Ministre du CICE et du Pacte de responsabilité, plus de 41 milliards d’exonération de charges sociales sans contrepartie et aucun effet sur l’emploi, pas d’augmentation de l’investissement ni de la Recherche & Développement.

Candidat, il n’a aucune cohérence. En novembre 2016, il déclarait à Valeurs Actuelles «la colonisation a apporté des éléments positifs de civilisation et de richesse », en février 2017 «la colonisation est un crime contre l’humanité » à un journaliste en Algérie. Où se situe la vraie position, dans l’avion au-dessus de la méditerranée ?

Sur la déchéance de nationalité en Février 2016, il disait « J’ai un inconfort philosophique » après avoir déclaré en Janvier 2016 « La déchéance de nationalité ne me choque pas » ….

La grande confusion de ce colosse médiatique aux pieds fragiles avec une alliance des contraires allant de Robert Hue (ex-PCF) jusqu’à Alain Madelin, ne constituera qu’un marchepied pour l’extrême droite.

Le vote Mélenchon est-il un vote utile ?

Les 23 avril et le 8 mai, nous élisons un président de la République, non pas un candidat brillant ou un tribun hors pair. Le Président de la République est le chef d’orchestre de la politique étrangère de la France, et notamment de notre politique européenne. Sur ces deux points, Jean-Luc Mélenchon présente une rupture majeure par rapport à ce qu’est la place de la France dans le monde et son idéal européen.

Nous sommes ici en plein cœur d’une campagne présidentielle où le futur Président aura à dire la position qu’entend jouer la France notamment dans la résolution du conflit en Syrie. Nous ne pouvons pas, nous la France, à nous rapprocher des Russes, de certains Syriens pour maintenir Bachar Al Assad. Nous ne pouvons pas aujourd’hui nous aligner sur la position du Kremlin quand celle-ci ne vise qu’à préserver ses propres intérêts pour le maintien de Bachar Al Assad. Depuis quand fraudait-il hiérarchiser l’horreur et ne pas reconnaître les massacres commis par chaque partie ? Il y a daech d’un côté, l’horreur, les assassinats et les attentats contre des populations civiles et en face, Bachar El Assad qui lui aussi massacre son propre peuple.  Pourquoi faudrait-il faire la différence entre les uns et les autres ?

Non, il n’y a pas à hiérarchiser l’horreur. Et la place de la France est justement là dans le fait de situer son action dans la légalité internationale, dans le refus des frappes unilatérales, dans le choix de la légalité internationale comme seul et unique moyen de trouver une solution politique en Syrie, sans Bachar Al Assad, dont la seule place est désormais devant la justice pénale internationale, avec toutes les parties au conflit, les nations arabes, la Russie, l’Iran, la Turquie, les Etats-Unis, l’Union Européenne, l’ONU. C’est ce chemin que nous devons poursuivre.

Nous étions alors frappés quand les questions de politique étrangères ont été abordées lors du premier débat quand nous avons découverts que sur les 5 personnes derrière leur pupitre, trois, Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et François Fillon étaient alignées sur la position du Kremlin, comme si les intérêts de la France étaient ceux de Moscou.

Qui ne voit pas aujourd’hui, que s’il faut évidemment dialoguer avec la Russie, d’ailleurs nous n’avons jamais cessé sur la mise en œuvre des accords de Minsk en Ukraine, il nous faut agir pour s’assurer un jour que les Russes arrêtent d’entretenir une guérilla, une guerre qui a fait 10 000 morts en Europe !

Il fût un temps où on disait que la guerre était terminée en Europe, elle est revenue. Par quel moyen, et par quelle intention ? Celle de Vladimir Poutine de refuser l’intangibilité des frontières. De dire qu’aux yeux de la Russie, la Crimée étant devenue un enjeu stratégique, il lui revenait de l’annexer et de la soustraire à un peuple souverain en remettant en cause l’intégralité territoriale de l’Ukraine, allant plus loin et considérant que l’Ukraine n’avait ni à appartenir à l’Otan, ni à l’UE, il lui revenait de déstabiliser un pays et d’entretenir une vague séparatiste et sécessionniste à l’est de l’Ukraine. Voilà ce que Vladimir Poutine a fait et voilà ce à quoi nous donnons quitus et nous acquiesçons quand on s’aligne aujourd’hui sur Monsieur Poutine. Voilà ce que fait Monsieur Fillon, Jean-Luc Mélenchon et Madame Le Pen.

Le 8 mai, nous nous réveillerons avec un nouveau président. Et celui-là ne va pas seulement parler ! Ce sera fini les grands récits et les foules passionnées. Il faudra dire donc comment la France entend avec ou sans l’Europe, puisque pour certains ce sera sans l’Europe, comment elle entend défendre ses intérêts et faire face à la volonté de Monsieur Poutine de renégocier les frontières en Europe.

Pour quiconque a fait un peu d’histoire et a un peu de mémoire, ce n’est pas rien !

S’il y a bien un sujet qui a provoqué tous les conflits, toutes les disputes, toutes les guerres, c’est bien le sujet des frontières en Europe. Les frontières de l’Europe que nous avons construite, l’Union européenne, comme des frontières entre l’UE et l’Europe orientale. François Mitterrand, dont Jean-Luc Mélenchon se réclame, pose, avec Helmut Kohl en 1994, un principe : conscients que l’effondrement de l’URSS fait courir à l’Europe des risques considérables, car apparaissent des revendications d’anciennes républiques soviétiques pour des bouts de territoire de républiques voisines. Helmut Kohl et François Mitterrand pose un principe, cela s’appelle le mémorandum de Budapest, l’inviolabilité des frontières, pour ne pas rouvrir la boîte de Pandore et le cycle des guerres. La Russie l’approuve en 1994.

C’est cela que Vladimir Poutine remet en cause aujourd’hui. A quel moment de notre histoire ? A un moment où l’Europe est affaiblie par les nationalismes, par la crise des migrants qui a montré à quel point la solidarité en Europe – c’’était peut-être hier- mais plus tout à fait aujourd’hui, à un moment où les politiques d’austérité ont fait monter les nationalismes à force de recul des services publics et d’un sentiment d’une forme de troïka technocratique qui décidait en lien et en place des peuples, à un moment où l’Europe est le plus faible. Et c’est le moment où les Russes affichent leurs prétentions.

Et non seulement, nous sommes plus faibles et plus divisés. Mais entretemps il y a aussi Trump. Trump dit « L’Union Européenne, je n’y crois pas, j’encourage les pays européens à faire comme les anglais » ce qui n’est pas rien pour notre principal allié que de vouloir à ce point nous affaiblir. Et il dit de surcroît que défendre l’Europe coûte trop cher et à ce l’Europe doit porter le poids de cette défense.

En résumé, nous, autres européens, sommes divisés, les Américains ne nous protègent plus et la Russie affiche des prétentions nouvelles. Est-ce le moment bien choisi pour rouvrir la négociation sur les frontières, voir même l’ouvrir tout court comme le proposait Jean-Luc Mélenchon lors de son dernier meeting à Marseille le 9 Avril ?

Nous, socialistes, nous n’y croyons pas. On ne rentre pas dans une telle discussion, avec aussi peu de force et un rapport de force aussi défavorable. Avec le risque que s’enchaîne une sorte de jeu de dominos qui nous conduise à constater que nous aurions multiplié les zones de disputes et les germes de conflit. C’est irresponsable. Notre débat présidentiel mérite mieux lorsqu’on parle de politique étrangère, que de répéter les éléments de langage de l’ambassade de Russie et du Kremlin.

L’Europe, là encore, nous sommes aujourd’hui à un moment charnière, parce qu’il est des candidats qui aujourd’hui pensent que la bonne solution est de sortir de l’Union européenne. Tout le monde part à peu près du même constat, sauf Emmanuel Macron et François Fillon- ce n’est pas rien. Le constat c’est que l’Europe marche mal, que l’austérité a conduit à ce que les peuples se détournent de l’Europe et que le risque de dislocation est désormais concret avec le Brexit. Avant c’était une menace, aujourd’hui c’est tangible.

Face à cela, il y a deux réponses : soit on change l’Europe, soit la quitte. Il y en a qui préfèrent dire qu’on la quitte et ceux qui disent, nous ne voulons pas et nous ne pouvons pas quitter l’Europe donc il nous faut absolument la changer. Benoît est de ceux-là.

Il nous faut éclairer là un vrai point de désaccord que nous avons avec Jean-Luc Mélenchon. Mélenchon doit avouer que son projet n°1 est que la France quitte l’Union européenne et la zone euro, ce sera déjà beaucoup plus clair dans le débat politique. Que dit Mélenchon ?

Il dit l’Europe est allemande, puisqu’elle applique une politique économique qui correspond aux intérêts de l’Allemagne. Mais il veut renégocier tous les traités pour finalement mettre l’Europe dans des conditions qui servent les intérêts de la France.  On passerait de l’Europe allemande à l’Europe française. Personne ne croit sérieusement, même chez nos partenaires de gauche proches, que cette perspective soit possible. On ne passera pas d’un modèle austéritaire, qu’il faut quitter, à un modèle qui soit le vœu de la gauche française pour toute l’Europe. Nous n’y parviendrons pas. Et donc comme nous savons que nous n’y parviendrons pas, Mélenchon affiche comme rapport de force « la sortie de l’Europe et de l’Euro ».

Disons clairement les choses : nous ne serons jamais ni pour l’idée que nous nous faisons de la gauche, ni pour celle que nous nous faisons de l’avenir des générations futures, ni de l’avenir de nos enfants. Jamais nous ne ferons porter la responsabilité à la gauche française d’être celle qui a organisé la dislocation et la fin de l’Europe. Jamais !

Parce que c’est mauvais, parce qu’on va en souffrir. C’est quand même incroyable qu’on ait rien d’autre comme perspective que d’abandonner un idéal de coopération. On peut reprocher aujourd’hui à l’Europe d’être la compétition, la concurrence, mais c’était la coopération. Abandonner cet idéal pour revenir aux frontières nationales ? Mais, alors Mélenchon doit dire comment le 8 mai fera-t-on pour financer notre agriculture sans la PAC, les infrastructures pour permettre aux régions de rattraper le retard de développement ? Comment respecterons-nous les engagements de la COP21 pour inverser cette tendance au réchauffement climatique sans les financements communs pour des infrastructures de transition écologique. Si on revient aux frontières : terminer le plan européen de transition écologique, fini les financements européens….

C’est une impasse stratégique totale que le plan B de Jean-Luc Mélenchon. Que le plan soit celui-là, qu’il envisage si sérieusement, que l’avenir que nous avons à offrir à nos enfants puisse se passer d’Europe. Nous devons le dire aux parents : imaginez ce que nous aurons à dire nos enfants ou ce qu’ils diront de nous.

Vous êtes la génération qui a donc voté, et choisi de sortir de l’Europe. Vous avez joui de ce continent dans lequel vous avez pu vous déplacer librement, circulé, imaginé pouvoir partager plus de moments de vie, un destin commun avec des femmes et des hommes qui n’avaient ni la même culture, ni la même langue et qui se sont révélés si proches de vous et vous nous proposez quoi à nous ? Fermer les frontières, se replier sur que nous étions avant l’Europe ? Mais c’était nous étions quoi avant l’Europe ? C’était la guerre. Nous voulons pas de cela et nous ne prendrons pas ce risque-là.

Enfin le dernier sujet qu’il faudrait évoquer c’est la démocratie. Là encore, ce sujet est apparu dans la fascination de dirigeants français pour des dirigeants qui ne sont pas eux très respectueux de la démocratie, nous avons évoqué Vladimir Poutine, on peut en trouver d’autres. Jean-Luc Mélenchon dit si on sortait de l’UE, on pourrait adhérer à l’Alba, l’Alliance Bolivarienne. Ce n’est pas sérieux de dire que l’Alba serait l’alternative à l’Union Européenne. Si Benoît Hamon a travaillé en tant que ministre au nom du gouvernement français avec Evo Morales, avec le régime vénézuélien lorsqu’il aspirait à trouver des solutions, avec le président Correa pour trouver des solutions, des pays qui appartiennent tous à l’Alliance bolivarienne qui ont cherché à offrir une alternative, un moment, au Mercosur. Même si le président Maduro, à l’époque où il succédait à Chavez, envisageait l’adhésion au Mercosur que tout n’était pas opposé.

Alors ne soyons pas plus chaviste que les chavistes eux-mêmes. Fondamentalement, aujourd’hui, il ne nous revient pas d’utiliser des figures, sans doute, charismatiques parfois dans les combats de la gauche. Ce n’est pas cela qui est important. Ce qui est important est de dire ce que nous souhaitons fabriquer pour les nôtres, les Européens et les nouvelles générations.

Alors sortons de la stérilité du vote utile lorsque nous socialistes nous portons l’histoire d’une France qui parle de sa propre voix dans le concert des nations, et nous sommes les héritiers de cet idéal européen et de la solidarité européen de Jean Jaurès à François Mitterrand.

Face aux épreuves, nombreuses et inédites, ne soyons jamais résignés, espérons toujours, soyons le cœur battant de la France.

Ensemble faisons gagner Benoît Hamon.

Les comités de soutien de BH

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