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Du devoir d’ingérence politique-une borne à l’usage de la LEC ?

Le gouvernement a t-il  a t il cédé un peu vite, mardi 31 Mai, aux sirènes de la droite française à l’étranger ?

A l’occasion d’un débat à l’Assemblée nationale sur l’usage des listes électorales consulaires (LEC), qui réunissent les adresses de courriel des citoyens français de l’étranger, Mme la député (LR) Claudine Schmid a réussi à faire adopter un amendement visant à interdire aux partis politiques d’utiliser la LEC à  » des fins de politique intérieure de l’Etat de l’électeur ».

De quoi s’agissait il au fond ?

De riposter au message politique qu’avait adressé  en février la Fédération des Français de l’Etranger du PS aux électeurs français en Suisse à l’occasion d’un référendum porté par le parti nationaliste suisse l’UDC.

Un référendum qui portait sur le durcissement des conditions d’expulsion des étrangers résidents en Suisse en cas d’infraction.

Une votation aux relents xénophobes et populistes, à l’image d’un parti UDC inspiré par une vision isolationniste et souverainiste des relations avec les autres Etats européens ou leurs ressortissants.

La fédération du PS que j’ai l’honneur de diriger, avait donc adressé via la LEC une mise en garde aux Français de Suisse, sur les risques qu’aurait entrainé ce durcissement, et avait incité les électeurs bi-nationaux à se prononcer contre cette proposition référendaire.

Cette mise en garde avait été rédigée avec l’aide de nos représentantes françaises au conseil consulaire local ainsi qu’avec l’aval du PS Suisse.

N’était ce pas le rôle d’un parti à vocation européenne et internationaliste, d’une fédération qui réunit des socialistes français présents dans le monde entier, de se préoccuper ainsi du sort de ses compatriotes et de rester vigilante quand un référendum est ainsi porteur d’atteinte à la liberté de résider dans un pays d’Europe ?

Etre européen, ce n’est pas rester isolé dans son pré-carré national, muré derrière ses frontières ou dans sa communauté, c’est s’intéresser à ce qui se passe chez le voisin et prendre part à la vie politique du pays d’accueil.

Les représentants de l’UDC, qui ne l’entendaient pas de cette oreille,  avaient vivement réagi publiquement, scandalisés, écrivant au Président de la République française, faisant feu de tout bois sur les réseaux sociaux, et pointant l’ingérence supposée de notre parti dans les affaires Suisses…Sans mettre toutefois en cause la légalité de l’envoi.

Mme Schmid, députée des Français de Suisse,  avait emboité le pas à l’UDC, en voyant également  dans cet envoi une intolérable ingérence dans les paisibles affaires Suisse.

Le Quai d’Orsay, toujours jaloux de ses prérogatives diplomatiques, s’était également ému par l’entremise de son nouveau directeur des Français de l’étranger, M Nicolas Warnery, de l’usage « intempestif »de la LEC et des risques potentiels de « désinscriptions massives » de la LEC de nos compatriotes.

L’électeur Suisse, dans sa grande sagesse, avait entre temps rejeté la votation référendaire que nous avions incriminé…Sagesse citoyenne…

La député LR Mme Schmid ne voulait pourtant pas en rester là :

Inspirée probablement par une vision « isolationniste » Suisse, elle a eu l’adresse d’obtenir le soutien du gouvernement, représenté en séance le mardi 31 Mai, par Jean-Vincent Placé qu’on a connu mieux inspiré, pour faire voter son amendement également soutenu par l’administration du Quai d’Orsay.

La proposition de loi organique spécifique aux Français de l’Etranger intégrant cet amendement sera bientôt discutée au Sénat…Un deuxième round en perspective dans cet échange entre deux visions opposées des relations entre citoyens vivant en Europe.

Il me semble y avoir, quand les circonstances l’exigent, un véritable devoir d’ingérence politique face à l’extrémisme, ou populisme, ou à la xénophobie qui sont hélas trop souvent, en Europe comme ailleurs, les déterminants de l’action de partis politiques qui cherchent dans les étrangers des boucs émissaires désignés à la vindicte populaire.

La LEC est un canal d’information citoyenne et doit le rester. Mettre des bornes politiques à son usage, c’est entretenir l’illusion que les idées et les opinions peuvent connaître les frontières…C’est s’enfermer dans l’isolement national. C’est faire avancer, en somme, le souverainisme au détriment de l’idéal européen.

Amitiés socialistes

Boris Faure

1er secrétaire fédéral FFE PS

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