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Cinquante nuances de bi-nationalité

Cinquante nuances de bi-nationalité.

La France demeure un pays à taille et population modestes. Ellle n’en est pas moins une terre d’accueil depuis des siècles qui connaît ainsi les avantages de la mobilité et du métissage dans ce qu’ils apportent d’enrichissement culturel et d’ouverture au monde. C’est aussi grâce à cela qu’elle maintient sa place parmi les nations qui sont écoutées et continuent à jouer un rôle au plan international alors qu’elle peut paraître bien frêle auprès de certains pays continents dont les économies l’ont dépassée depuis longtemps. La France est également cette nation dont les savoir-faire et le savoir-être sont appréciés et les Français qui partent à la conquête du monde savent les valoriser. Ils emportent avec eux ce que l’on aime de notre ambition universelle et des valeurs qui la portent.

Ils sont aujourd’hui près de trois millions qui vivent hors des frontières ; fiers d’être Français parce qu’ils ressentent parfois pour la première fois ce que cela représente vraiment. Etre un Français à l’étranger aujourd’hui c’est porter dans son ADN l’ouverture aux autres et le plaisir du mélange qui constituent les bases de la diversité de nos destins. Binationaux, nous le sommes formellement pour le million d’entre nous qui possédons plus d’une nationalité. Les binationaux représentent en moyenne plus de 40% des Français inscrits dans les consulats à l’étranger.

Nous sommes français à la naissance parce que nos deux parents le sont, mais le droit du sol du pays où nous sommes nés nous en donne la nationalité. Nous le sommes également parce que l’un de nos parents est français et tient à la transmission de sa langue et sa culture qui viennent ainsi s’ajouter à celles du pays de résidence sans qu’il y ait concurrence. Nous le sommes devenus par mariage, ou pour services rendus au « rayonnement de la France ». Nous le sommes « par le sang versé » pour certains héros étrangers blessés au combat. Dans tous les cas, être français constitue notre identité, ce que nous sommes partout dans un monde en mouvement.

Binationaux, nous le sommes tous intimement, même si nous ne possédons pas formellement une autre nationalité , parce que résider dans un pays étranger crée invariablement un lien émotionnel fort avec ces nations qui nous accueillent. Ces trois millions de Français que nous rencontrons, expérimentent pour la plupart un rapport quotidien heureux avec la binationalité. C’est peut être l’une des raisons pour lesquelles la candidate du Front National n’a obtenu que 6% des suffrages à la présidentielle française de 2012 dans ce « collège électoral ».

Nous sommes les partisans du cosmopolitisme français, celui d’une République des Lumières qui peut s’honorer d’accueillir dans les lycées Français de l’étranger à parts égales compatriotes et enfants d’autres nationalités. D’une République du Savoir et de la Culture qui possède grâce aux Alliances et Instituts Français un réseau planétaire pour l’accès le plus ouvert et universel possible à la diversité des cultures, reflet de la diversité des êtres humains.

Conscients que la gauche au pouvoir a beaucoup fait depuis 2012 pour faire vivre et enrichir ce réseau éducatif et culturel à l’étranger, pour réformer le service public consulaire en le modernisant, pour créer un échelon de représentation de proximité à travers les conseillers consulaires, nous vivons douloureusement le projet de constitutionnalisation de la déchéance de nationalité qui remet en question, pour nous, le droit du sang.

Inutile, cette mesure ouvre une fissure dans la communauté nationale entre 60 millions de nationaux et 5 millions de binationaux qui seront seuls concernés par cette déchéance d’un nouveau type. Elle envoie surtout un signal négatif très fort envers ceux qui revendiquent leur nationalité française alors que, parce qu’ils en possèdent une autre, la République se réserve le droit de la leur retirer. Plutôt que reconnaître la chance que cette binationalité peut constituer, on stigmatise ceux qui la possèdent. Au lieu de la valoriser comme nous le faisons depuis 2012, elle deviendrait une menace.

Certes, nous entendons le caractère symbolique de cette mesure. Nous le savons, la lutte contre le terrorisme est un combat qui mobilise forces de sécurité et de police. Il sera cependat d’autant plus légitime et accepté qu’il s’arrimera à un socle de valeurs républicaines solides dont l’égalité et la fraternité ne doivent pas sortir affaiblies ce qui nous semble pourtant être le cas par la volonté affichée de modifier la Constitution.

C’est au nom de notre attachement à la binationalité que la République doit protéger et promouvoir en temps de crise pour ne pas céder sur nos valeurs essentielles au nom de la peur de l’Autre, que nous avons signé la pétition lancée par des citoyens français de l’étranger et de l’hexagone, comme nous binationaux de « passeports ou de coeur ». https://secure.avaaz.org/fr/petition/Au_president_de_la_Republique_Francois_Hollane_Le_retrait_de_la_mesure_de_decheance_de_nationalite_pour_les_bina/share/?new Elle réunit plus de 4000 signataires en 48h dont l’ensemble des 10 parlementaires de gauche à l’étranger tout comme une large part des élus républicains qui veulent demeurer des « Français et citoyens du monde » promoteurs de la binationalité.

Hélène Conway-Mouret, Sénatrice, ancienne ministre déléguée aux Français de l’étranger Boris Faure, 1er secrétaire fédéral de la Fédération des Français de l’étranger du PS Marc Villard, Président de l’Assemblée des Français de l’étranger Mehdi Benlahcen, Président du groupe des conseillers  » Français du monde, Ecologie et Solidarité » Claudine Lepage, Sénatrice et Présidente de Français du Monde Jean Yves Leconte, Sénateur Richard Yung, Sénateur Pouria Amirshahi, Député Philip Cordery, Député Christophe Prémat, Député

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