Le 26 septembre dernier, sur ordre du maire d’Iguala, ville du Guerrero, un des Etats les plus pauvres et violents du Mexique, la police municipale mitraille des bus dans lesquels se trouvent une centaine d’élèves-instituteurs de l’école Normale rurale d’Ayotzinapa. Six d’entre eux sont tués et 43 sont portés disparus. Les policiers municipaux avouent avoir remis les étudiants à la mafia locale en leur demandant de les faire disparaître.
Depuis nous ne savons pas ce qu’ils sont devenus. Ils auraient été massacrés et brûlés par les hommes de main de la mafia. Il a été démontré, depuis, l’existence de liens entre le pouvoir municipal, la police locale et la mafia. Suite à des manifestations de plus en plus violentes dans l’état de Guerrero et l’indignation de la population mexicaine, le pouvoir fédéral a réagi….10 jours après le drame. Depuis les manifestations pacifiques se sont multipliées, non seulement dans la ville de Mexico, mais aussi dans tout le Mexique et à l’étranger pour demander le retour des normaliens.
La manifestation du 20 novembre
Lors de la dernière journée de manifestation, le 20 novembre, une marche pacifique d’au moins 200.000 personnes s’est dirigée vers le centre de la ville de Mexico, le Zocalo. Mais des heurts se sont produits à la fin de la manifestation, entre les grenadiers de la police mexicaine et des pseudo-anarchistes soupçonnés d’être des infiltrés et ne faisant pas partie de la manifestation pacifique. Vers 22 heures, les grenadiers ont brusquement chargé sur la place du Zocalo les derniers manifestants de la marche pacifique, et ont arrêté, de manière tout à fait arbitraire, 11 étudiants dont un étranger de nationalité chilienne. Le lendemain matin, ils ont été transférés dans des prisons de haute sécurité en province, loin de Mexico, sans avoir pu contacter leur famille ni un avocat et n’ont pas reçu les garanties constitutionnelles auxquelles ils avaient droit.
Face à cette situation des disparus d’Iguala et aujourd’hui de ces étudiants mis au secret, l’émotion est vive au Mexique. Il faut rappeler qu’il y a eu ces dernières années entre 23 000 et 25 000 assassinats par an et 24 000 disparus ces 5 dernières années.
François Boucher, Mexique
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