Cher(e)s camarades,
Le congrès du Parti Socialiste Européen est derrière nous. Il s’est déroulé vendredi 12 et samedi 13 juin à Budapest. L’enjeu principal de ce congrès était l’élection du président du parti et au-delà de cela, le choix d’une nouvelle orientation collective après la défaite des élections européennes. C’est finalement, suite au désistement plus ou moins volontaire de l’outsider du PSOE, Enrique Barón Crespo, Serguei Stanishev, président sortant du PSE qui a été ré-élu avec le score peu satisfaisant de 69%. Il était, il faut le rappeler, le seul candidat.
Les congrès du PSE sont toujours une grande occasion de pouvoir revoir des camarades de tout le continent, de pouvoir également échanger et refaire le monde. La majorité des décisions importantes étant prises en amont par les Partis membres du PSE, les enjeux sont souvent limités car, dans ce jeu entre les partis nationaux. Ce genre d’exercice laisse donc peu de place aux surprises et encore moins de place à une dynamique proprement européenne où les partis membres évolueraient non pas en fonction de leur nationalité mais d’intérêts politiques européens.
Ce congrès a été un peu différent néanmoins car à la surprise générale, le Parti Socialiste espagnol a proposé il y a un mois environ un candidat (Enrique Barón Crespo, ancien président du Parlement européen). Ce candidat au profil purement européen, de grand fédéraliste et socialiste historique de l’opposition à Franco était appelé à être le challenger de Serguei Stanishev qui pour de nombreux partis membres dont la France, devait tirer sa révérence.
La surprise a cependant fait long feu et la très courte campagne du candidat espagnol, le soutien du bout des lèvres de son propre parti mais également d’autres partis qui auraient dû le soutenir n’ont finalement pas convaincu et pas créé de dynamique suffisante autour de sa candidature. Barón s’est finalement retiré sous la pression de son propre parti qui les élections nationales approchant, voulait éviter un revers européen et on peut le penser, sous la pression de Martin Schulz et des officiels du PSE au motif qu’il ne fallait pas « diviser le parti ».
C’est donc un candidat unique qui a été élu malgré avec un résultat peu satisfaisant de 69%. Ce résultat s’explique par la réluctance finale de beaucoup de délégués de donner leur vote à un candidat unique mais aussi à cause du fait que beaucoup se sont sentis trompés par le retrait soudain (à quelques heures seulement du vote) d’Enrique Barón.
Notre fédération était, comme toujours au PSE très bien représentée au niveau des élus avec Philip Cordery et Jean-Yves Leconte mais aussi au niveau des militants avec plusieurs camarades bruxellois ainsi que Mathieu Pouydesseau. Suite au désistement d’Enrique Baron, nous avons Mathieu et moi lancé un texte critiquant le déni de démocratie au sein du PSE et appelant ainsi les délégués à s’abstenir de voter en faveur de Serguei Stanishev. Cette action aura certainement joué compte tenu du résultat que le président sortant a obtenu.
Ce fut en conclusion, un congrès décevant pour les militants ayant fait le déplacement mais aussi pour un grand nombre de délégués. Le sentiment d’évoluer dans un parti qui n’en est pas véritablement un et qui répond surtout à des logiques intergouvernementales donne le sentiment que notre engagement militant européen n’est pas vraiment pris au sérieux par l’équipe actuelle dirigeante, à la différence du temps où Poul Nyrup Rasmussen était président du Parti et Philip en était le secrétaire général.
Pour finir sur une note plus positive, je reste convaincu que l’engagement militant européen doit continuer à grandir et à se développer afin justement de faire bloc en tant qu’européens et non seulement en tant que membres d’un parti national. Dans une économie européenne, avec des politiques publiques européennes, notre combat socialiste ne peut se réaliser véritablement que si nous imprimons une dimension européenne dans chaque engagement que nous avons au niveau national. L’Européanisation de notre action politique n’est pas un choix cosmétique, c’est la seule manière de peser suffisamment dans un monde où le libéralisme économique est devenu une valeur ultra-positive et où trop souvent les nôtres paraissent archaïques. À nous de regagner cette bataille idéologique par l’Union des socialistes européens !
Sincères amitiés socialistes
Gabriel Richard-Molard Bureau Fédéral – Europe
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Ce compte rendu est un « point de vue » et ne doit pas être considéré comme la position officielle de la FFE-PS
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