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NÉ SOUS MITTERAND

Né sous Mitterrand

Michael Vincent — Secrétaire de la section Parti Socialiste de Londres




100 ans. Putain, 100 ans. Nous fêtons donc aujourd’hui le centenaire de la naissance de François Mitterrand, né en plein milieu de la première Guerre Mondiale.


C’est une histoire française. Non – Mitterrand, c’est l’Histoire ! L’Histoire de la France, mais l’Histoire des socialistes aussi. C’est l’année 1981 et ce fameux portrait bleu blanc rouge sorti du minitel, fleuron de la technologie française de l’époque, qui sont encore dans toutes les mémoires aujourd’hui. C’est la Gauche qui prend date, pour un évènement à classer au Panthéon socialiste, aux côtés de 1936 et le Front Populaire, de 1997 et Jospin Premier Ministre, et 2012 avec la victoire de François Hollande.


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Rendons alors aujourd’hui hommage au camarade socialiste que l’on surnommait “Tonton”. Plus directement pour nous, Français de l’étranger, Mitterrand, c’est un acte fondateur, puisque la Fédération des Français de l’étranger du Parti Socialiste, tout comme la section de Londres, se sont construites dans l’élan de la victoire de Mitterrand en 1981.

Non, je ne suis probablement pas le mieux placé pour parler de François Mitterrand. J’ai de vagues souvenirs de ses dernières années de mandat, ou encore d’avoir ri voyant Kermitterrand à la télévision. C’est parce que je suis né juste après sa réélection, en 1988 – alors que tout le monde à l’époque le donnait perdant.

Puisse cette anecdote en ce jour porter bonheur au PS et faire mentir les sondages…

Et pourtant, en ce qui me concerne, si, pour désigner les Français de la génération X, on emploie souvent l’expression « né sous Giscard », je peux dire haut et fort que je fais partie de cette génération « née sous Mitterrand ».

Et oui ! Mitterrand, c’est toute une génération. “Tonton”, ce sont les années 80 – les radios libres. La Funk. Canal Plus. La Marche et la génération black blanc beur/ touche pas à mon pote. Les coupes de cheveux improbables. Le minitel, le walk-man. C’est le verlan, et cette formule choc de Mitterrand, qui, lorsqu’on lui demande s’il sait ce que veut dire “chébran”, répond, fier de lui: “ça veut dire branché, mais c’est déjà un peu dépassé, vous auriez dû dire câblé !”


Parlons héritage politique, évidemment. Alors oui, Mitterrand, c’est un bilan, que certains aiment à repeindre en gris, annonçant le tournant de la rigueur. Pourtant, les années Mitterrand, c’est avant tout deux septennats – un record de longévité – qui marqueront à jamais la France et son Histoire.

C’est l’union de la Gauche avec son programme commun, qui aura permis à la gauche de sortir des postures et de revenir aux affaires.

C’est Badinter et la fin de la peine de mort, défiant le diktat de l’opinion publique.


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François Mitterrand et Helmut Kohl à Verdun


C’est la relance, l’accélération du projet Européen. Sur l’Europe, Mitterrand est à l’initiative. C’est la poignée de main avec son homologue allemand Helmut Kohl à Verdun. Ce sont les accords de Schengen et le traité de Maastricht. C’est l’euro, et l’appel au rassemblement après la chute du mur, la création de la banque de développement et de reconstruction, pour accompagner les pays de l’Est. C’est un destin commun – sur l’Europe, Mitterrand dira : « Ne dissociez jamais la liberté et l’égalité. Ne séparez jamais la grandeur de la France de la construction de l’Europe. »

C’est la Culture, avec la fête de la musique, mais surtout, alors que pointe le tournant de la rigueur, un budget de la culture en augmentation. C’est le compromis, mais jamais la compromission. Être “né sous Mitterrand”, c’est aussi la génération responsable, qui ne perd pas de vue que la gauche au pouvoir, ce sont les idéaux, toujours, mais c’est aussi parfois le compromis. Le compromis, mais jamais la compromission.

C’est la tolérance et le respect. C’est le discours de la Sorbonne en 86, au sujet de nos ancêtres les Gaulois… tous italiens, germains, espagnols… tous juifs, et même un peu arabes !


Pour tout cela, en mémoire de François Mitterrand, s’il y a de quoi être fier, ne soyons pas nostalgique. La politique, La France, l’héritage de François Mitterrand, ne sont pas des nostalgies. C’est demain qu’il faut construire, pour d’autres victoires comme celle-ci. D’ailleurs, Mitterrand dira,

« Je crois aux forces de l’esprit et je ne vous quitterai pas »

dans des vœux prophétiques, un an avant de nous quitter. Et bien, si l’esprit de Mitterrand ne nous quitte pas, alors pour demain, et pour citer un autre François célèbre, « ça va déjà mieux. »

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